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De la vie privée et professionnelle du cardiologue belge
  • Christiaan Vrints

Au début de chaque année, nous nous souhaitons une Bonne année à l'occasion de toutes sortes de réceptions organisées sur notre lieu de travail ou dans les cercles de médecins généralistes avec lesquels nous collaborons. Outre une bonne santé, nous nous souhaitons aussi une belle réussite professionnelle. Au début de chaque année, il y a aussi le congrès annuel de la Société Belge de Cardiologie, le sommet scientifique national de la cardiologie belge, mais aussi le moment où tous les cardiologues et autres professionnels de la santé impliqués dans les soins aux patients cardiaques en Belgique se rencontrent en grand comité. Les discussions informelles tournent souvent autour des vicissitudes de la vie sur les différents lieux de travail, ainsi qu'autour des changements intervenus parmi les différents effectifs. Et les informations de toutes sortes se répandent comme une traînée de poudre.

La vie professionnelle du cardiologue a fortement évolué au fil des années. Il y a 50 ans, le cardiologue était un médecin spécialiste capable d'évaluer la sévérité d'une sténose mitrale au stéthoscope, et rompu à l'interprétation d'électrocardiogrammes dessinés par une aiguille chauffée sur du papier thermosensible. Le plus souvent, il travaillait seul dans son cabinet en ville et remplissait une fonction de consultant auprès de services hospitaliers internistiques. Suite à la mise sur pied des Coronary Care Units, la présence d'un cardiologue exercé à la prise en charge et au traitement des complications aiguës consécutives à l'infarctus myocardique aigu est devenue indispensable dans l'enceinte de l'hôpital. Le développement exponentiel de techniques d'imagerie invasive et non invasive, l'introduction et le déploiement de techniques interventionnelles non chirurgicales pour le traitement des cardiopathies congénitales, valvulaires et coronariennes, le développement d'un vaste éventail de stimulateurs cardiaques et de défibrillateurs et la mise au point de techniques d'ablation délicates dans une réalité virtuelle toujours plus sophistiquée, obtenue par mapping électro-anatomique, ont déplacé une grande part, sinon la totalité de la pratique cardiologique vers de grands services de cardiologie au sein de grands centres hospitaliers régionaux où les diverses sous-spécialités de la cardiologie travaillent en équipe.

Une enquête tout récemment conduite par l'American College of Cardiology1 révèle que 23 % des hommes et 17 % des femmes travaillent actuellement en cabinet privé, ce qui offre un contraste frappant avec les 73 % d'hommes et les 53 % de femmes recensés il y a 20 ans. En moyenne, le cardiologue est aujourd'hui plus âgé: 42 % des cardiologues ont aujourd'hui 50 ans ou plus, contre 20 % des femmes et 25 % des hommes, il y a 20 ans. À l'heure actuelle, le cardiologue homme essaie de maintenir un meilleur équilibre entre vie privée et vie professionnelle qu'il y a 20 ans. Tout comme il y a 20 ans, la cardiologue femme est plus souvent célibataire et sans enfant ou a davantage besoin de faire garder ses enfants, gratuitement ou contre rémunération, que son confrère masculin. Bien que le cardiologue demeure satisfait de sa carrière, les hommes sont moins nombreux qu'autrefois à penser obtenir une promotion rapide. Cette impression n'a en revanche pas évolué parmi les femmes, par rapport à il y a 20 ans, 23 % d'entre elles seulement pensant être promues plus rapidement que leurs homologues.

Pour ce qui concerne la situation professionnelle des cardiologues en Europe et en Belgique, les données disponibles sont peu nombreuses, voire absentes. Ces informations pourraient cependant s'avérer très utiles pour décider du nombre de places en formation de cardiologie nécessaires pour disposer à l'avenir d'un pool suffisant de cardiologues. Au vu de la prédominance accrue des filles parmi les étudiants en médecine, il pourrait également être utile de disposer d'informations sur la situation professionnelle des cardiologues femmes. Celles-ci permettraient éventuellement d'identifier les obstacles qui empêchent les jeunes médecins fraîchement diplômées d'opter pour une formation de cardiologue et de définir les mesures organisationnelles nécessaires pour une meilleure harmonie entre famille et travail dans la carrière du cardiologue belge. L'organisation d'une enquête sur la situation professionnelle des cardiologues de Belgique est peut-être un projet digne d'être porté de concert par la Société Belge de Cardiologie et l'Association professionnelle des cardiologues belges?

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